Ce champignon qui s’attaque aux boiseries (on dit « lignivore »), autrefois cantonné à l’ouest et au nord de la France, est désormais durablement identifié partout sur le territoire; on retrouve la mérule à Nancy et Strasbourg, signe de son installation définitive dans la Grand Est. Et c’est une vraie plaie pour quiconque y est confronté.
Des cas de mérule à Nancy et Strasbourg depuis 10-15 ans
Ce champignon qui s’attaque aux boiseries, surnommé la « lèpre des maisons« , est redoutable : bien souvent détecté trop tardivement, il nécessite des interventions lourdes, dont la facture peut vite s’envoler.
Comme le définit le site « Rêve de combles », la mérule est un » champignon qui s’attaque aux boiseries dans les bâtiments présentant un excès d’humidité » .
« Il y a une quarantaine d’années, on ne trouvait des cas de mérule qu’en Bretagne, et un peu dans le nord de la France. Depuis 15 ans environ, ce champignon s’est beaucoup développé dans l’est, et notamment à Strasbourg. Depuis 5 ans, il n’y a pas un endroit sur le territoire où on n’en trouve pas », retrace Edouard Aubriat, directeur de la société Aubriat*, une entreprise familiale basée à Épinal (Vosges) et spécialisée, notamment, dans l’éradication de nuisibles comme la mérule.
Selon ce spécialiste, cela fait « 10-15 ans » qu’on voit se développer la mérule à Nancy et Strasbourg. Ceci étant dit, la croissance s’est quelque peu tassée depuis 4-5 ans, toujours d’après M. Aubriat.
Ce dernier compare : « Il y a une quinzaine d’années à Strasbourg, on réalisait entre 5 et 10 diagnostics de mérule par an. Aujourd’hui, on est plutôt à 5-10 diagnostics par mois ».
En Alsace et en Lorraine, la mérule est particulièrement présente à Nancy (Meurthe-et-Moselle) ou à Mulhouse (Haut-Rhin), mais moins à Colmar (Haut-Rhin) ou à Metz (Moselle).
Créer les conditions de développement de la mérule
Comment expliquer une telle tendance ? « C’est multifactoriel », explique le chef d’entreprise.
Pour que la mérule se développe, il faut trois paramètres : de la pénombre, de l’humidité et du bois. Or, avec les années, l’évolution de l’habitat a créé des conditions favorables au développement de la mérule.
« De nos jours par exemple, on parle énormément de l’isolation des bâtiments. Si on isole trop, il n’y a plus rien qui entre… mais il n’y a plus rien qui sort non plus, ce qui peut créer des problèmes d’humidité », explique Edouard Aubriat. Autre exemple de facteur aggravant : « Puisque le mètre carré coûte très cher en centre-ville, on essaie d’optimiser au maximum les surfaces, notamment en cloisonnant encore plus les caves qui, autrefois, étaient bien ventilées ». Dernier exemple : « Quand des travaux de voirie sont réalisés, il arrive que les sauts de loup, ces ventilations qui relient les caves à la rue, soient bouchés, ce qui nuit à la bonne aération des caves ».
Bref, « on fait des maisons qui ne respirent pas assez ».
À Strasbourg, l’hypercentre particulièrement touché
À Strasbourg, c’est l’hypercentre qui est le plus touché, « tout ce qui est dans un rayon de dix minutes à pied de la cathédrale », précise M. Aubriat.
Logiquement, c’est là qu’on trouve le plus de bâti ancien à ossature bois, les fameuses maisons à colombages dont la mérule se régale.
Des interventions souvent lourdes
Bon, on a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que la mérule se traite (la grande majorité des cas via un traitement chimique). La mauvaise, c’est qu’il faut souvent déployer les grands moyens.
« La mérule, son garde manger, c’est la cellulose (le bois, le carton, le papier). Sa maison, ce sont les maçonneries », vulgarise le spécialiste. « Ce sont donc les maçonneries qu’on doit traiter. Et, pour pouvoir les traiter, il nous faut un accès direct, c’est-à-dire qu’il faut qu’on puisse voir le mur, le toucher. Donc si devant il y a une isolation, un placo, un carrelage, une cuisine intégrée, bref, s’il y a quelque chose devant, il faut tout enlever pour pouvoir traiter la maçonnerie », développe M. Aubriat.
Ça, c’est le premier point. Le second, c’est que « comme le champignon prolifère à l’intérieur de la maçonnerie, quand on commence à le voir, on ne voit que la partie émergée de l’iceberg ». En effet, « tant qu’on n’attaque pas les travaux, on ne connaît pas l’étendue de la contamination ».
Le coût du traitement
Forcément, comme on fait appel dans le cadre de ces interventions à plusieurs corps de métier – entre la démolition, le traitement chimique et la reconstruction – les factures peuvent vite s’envoler.
« Pour un cas de mérule dans une cave, le traitement peut être compris entre 1000 et 2000 euros. Mais, pour un très gros chantier comme un manoir ou un château, il faut compter plusieurs centaines de milliers d’euros », tente de chiffrer M. Aubriat, tout en précisant que « chaque cas de mérule est différent ».
Mérule : comment la détecter
Pour s’en prémunir, quelques conseils de l’expert : « Vérifiez régulièrement les endroits où vous allez rarement, en commençant par le bas, donc les caves ou les vides sanitaires ».
Voici les signes visuels ou olfactifs qui doivent vous alerter : « la présence d’une espèce de mousse cotonneuse blanche, une odeur de champignon, une déformation des plinthes ou des entourages des portes, la présence de poussière orangée, comme de la poussière de tuile ou de brique, au sol, lorsque le champignon est en pleine sporulation ».
*La société Aubriat, c’est cinq agences pour vous aider dans tout le Grand Est à Épinal, Strasbourg, Nancy, Metz et Vesoul (Haute-Saône). Retrouvez toutes nos infos sur notre site !