Dimag, le magazine en ligne du diagnostic du bâtiment, nous honore d’un article consacré à l’expertise d’Aubriat dans le traitement de la mérule.

DIMAG – IN SITU

Tueurs de mérule

Par Jennifer Legeron
DIMAG N°73 SEPTEMBRE OCTOBRE 2016

Décrépissage, brûlage, perçage et injections, le traitement pour éliminer la mérule s’attaque au bâti en profondeur. Spécialiste de ces missions, l’entreprise Aubriat dévoile les différentes étapes du processus d’élimination du champignon, dans une maison inoccupée, infestée de la cave aux étages.

Traitement en profondeur

Spécialiste du traitement de la mérule, l’entreprise Aubriat nous emmène dans une maison inoccupée depuis deux ans et infestée par le champignon.

La mérule est ici une histoire de famille. L’aventure a débuté en 1980 à Epinal. Edouard Aubriat a racheté la société de son père, il y a cinq ans. Certifié CTBA+ et Qualibat, ce spécialiste du traitement, entouré d’une dizaine de salariés, intervient principalement dans toute la région du Grand Est et sauve parfois de cette gangrène des bâtiments classés. L’entreprise réalise une centaine de chantiers par an, toujours précédés d’un diagnostic et poursuit actuellement son expansion avec l’implantation récente de trois bureaux à Metz, Nancy, Vesoul et bientôt une ouverture à Strasbourg.

A ses côtés, nous constaterons les dégradations causées par ce champignon « glouton » au sein d’une maison inoccupée depuis deux ans à Vézelise (en Meurthe-et-Moselle), convoitée par un investisseur. Selon Edouard Aubriat, la mérule s’est probablement développée grâce aux conditions de pénombre, au manque d’aération (soupiraux fermés), à un taux d’humidité élevé, et à l’omniprésence du bois.

La cave, quatre pièces au rez-de-chaussée et trois pièces au premier étage ont été touchées. Face à l’étendue des dégâts, l’entreprise a d’abord dépollué le site à l’aide d’un aspirateur à filtre THE, puis décaissé le sol de la cave, décrépi les murs, arraché les cloisons ainsi que le plancher du rez-de-chaussée et du premier étage. Une condition sine qua non pour la suite du chantier.

#01 Le décrépissage

Les signes visibles ne sont que la partie émergée de l’iceberg, le champignon s’est répandu à travers les isolants. L’objectif est d’identifier la zone de contamination et de déterminer l’endroit où la mérule a débuté son développement. Une fois la surface atteinte mise à nu, elle est grattée et brossée pour supprimer tous les rhizomes, filaments qui permettent au champignon d’aller chercher l’eau. Cependant, cette méthode permet de définir uniquement 90 à 95% du périmètre touché.

#02 Le brûlage au chalumeau

Cette étape a pour but de fixer le champignon. Le filament s’enflamme, se consume comme « une mèche de pétard » et l’on voit distinctement la flamme rentrer dans le mur, ce qui permet d’identifier la dernière zone à traiter.

#03 Le perçage

Avant l’injection d’un traitement fongicide, il faut percer, suivant les référentiels, tous les 40 cm en quadrillage sur les 2/3 de l’épaisseur. L’expert fait le choix de percer tous les 25 cm sur les 4/5 de l’épaisseur suivant le degré d’infestation et pour une meilleure diffusion du produit. Avant de passer à l’étape suivante, le professionnel procède à un deuxième brûlage.

#04 L’injection en profondeur

Deux techniques sont possibles: la première est d’utiliser un injecteur femelle qui est inséré dans le puits de forage. Puis, un pistolet avec un embout mâle rentre dans l’injecteur femelle de façon à injecter le produit sous pression dans le mur, ce qui permet de contrôler la quantité de fongicide injectée. La deuxième technique préconise l’utilisation d’une canne à injecter. Dans les deux cas, cette étape est la plus importante car le fongicide qui pénètre à travers les puits de forage éradique la mérule immédiatement. La dose injectée peut varier entre 5 et 20 litres par m2, selon l’épaisseur et la nature du mur (moellons, agglos, briques, etc.)

#05 Pulvérisation sur les murs

Le professionnel, muni de son masque et d’une combinaison protectrice, pulvérise le traitement sur les murs jusqu’à 1 mètre au-delà de la zone infestée, pour compléter l’injection et permettre une élimination totale. Cependant, pour éviter une nouvelle propagation, il faut par la suite évacuer l’humidité et s’assurer d’une bonne ventilation.

Les caractéristiques de la mérule

  • Un taux situé entre 25 et 40% d’humidité est favorable au développement de la mérule.
  • Les spores: semences généralement invisibles à l’œil nu, apparaissant en trop grande quantité sous la forme d’un tapis rouge brun. Les spores peuvent germer.
  • Les hyphes: premier stade de développe- ment. Ils servent à véhiculer l’eau, et forment le mycelium, prenant souvent l’aspect d’une masse ouateuse.
  • Les carpophores : de couleur rouille-orangé, les carpophores ou fructifications génèrent une multitude de nouveaux spores, ce qui relance le processus de propagation.

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