Renouvellement urbain: Strasbourg se heurte à la mérule

À Neuhof, l’entreprise Aubriat veille sur le patrimoine en mutation

Dans le quartier de Neuhof à Strasbourg, la société Aubriat est intervenue dans le cadre du vaste programme de renouvellement urbain mené par Strasbourg Eurométropole avec le soutien de l’ANRU. L’ancien hôpital militaire Lyautey, désaffecté depuis 1996, fait aujourd’hui l’objet d’une transformation ambitieuse : il accueillera à terme un nouveau collège et des logements, dans un souci de valorisation du bâti existant.

Lors de la rénovation, les équipes de la direction Architecture et Patrimoine de la Ville de Strasbourg ont détecté une prolifération inattendue : un champignon lignivore envahissait plusieurs caves et étages du bâtiment.

Traitement de mérule dans l’ancien hôpital Lyautey

Rue des Cannoniers, entrée de l'ancien hôpital militaire.

Voir aussi

>>La fiche du chantier Lyautey sur le réseau Proéco

>>Nos sections consacrées au traitement de la mérule et autre champignons lignivores

Une expertise de terrain contre la mérule à Strasbourg

Laissé à son sort depuis les années 1990, l’ancien hôpital a souffert des infiltrations et du manque de ventilation des zones condamnées…

Résultat, les taux d’humidité excessifs et la mauvaise aération des sous-sols et de certains étages, aux ouvertures condamnées ou obstruées, ont permis le développement de foyers de champignons qui se sont ensuite étendus au travers des murs et fortement endommagé certains bois.; le chantier de décontamination est donc massif et incontournable avant de lancer la rénovation et s’assurer que les futures installations n’héritent pas de cette infestation.

Face à cette situation, notre agence de traitement de mérule en Alsace a été sollicitée pour effectuer des prélèvements fongiques, diagnostiquer précisément l’ampleur de l’infestation et engager l’éradication. Les champignons lignivores, capables de fragiliser les structures en bois, représentent en effet un risque important pour la pérennité de l’ouvrage.

Préparation du chantier

Mise en place des équipements de protections individuels et collectifs, et protection du chantier.

Pré-travaux effectués par l’entreprise en charge de la rénovation

Rez-de-chaussée:

Dépose et évacuation d’aux moins un linteau de fenêtre.
Dépose et évacuation d’une partie de la corniche du plafond
Dépose et évacuation des bois maçonnés situés dans la zone touchée par le champignon.

Caves

Dépose et évacuation de 2 entourages de porte.
Dépose et évacuation d’une partie des faux plafond.
Dépose et évacuation d’un radiateur.
Dépose en conservation si possible du tableau électrique principal de la cave et des gaines électriques.

Traitement des murs

Les étapes sont identiques sur le chantier du rez-de-chaussée et celui des caves. Les deux interventions se sont donc déroulées comme suit:

Décrépissage et déjointoiement des murs jusqu’à la pierre.
Évacuation en centre de retraitement des gravats.
1er brûlage (permis feu établi durant les travaux) et brossage des filaments sur l’ensemble des murs à traiter.
1er passage à la caméra thermique des murs brûlés.
Perçage en quadrillage, pose d’injecteurs et injection d’un fongicide type XILIX 2000 jusqu’à saturation.
2e brûlage (permis feu établi durant les travaux).
2e passage à la caméra thermique des murs brûlés.
Injection des forages au fongicide « XILIX 2000 » jusqu’à saturation.
Pulvérisation des murs en surface au fongicide « XILIX 2000 ».
Nettoyage final et repli du matériel.

Ces travaux sont garantis deux ans pour réintervention sur chacun des chantiers.

Un chantier morcelé et des atteintes insolites

On parlait de cette découverte peu courante il y a deux ans sur nos réseaux sociaux: lors des premières visites, visant à repérer les foyers de champignons lignivores et procéder au prélèvement de filaments dans les zones touchées du complexe, et confirmer le soupçon de mérule, une évidence saute aux yeux: le champignon est là depuis longtemps.

Sur un bâtiment bordant l’une des cours intérieures, entre murs et toitures, on découvre ainsi des filaments d’une mérule développée sur l’extérieur des maçonneries (en orangé, avec surbrillances des sporophores visibles) , mais également les reliquats d’un développement ancien, mis en évidence par des taches sombres et striées sur une autre zone du mur (en violet).

Loin de ces toitures, c’est dans un ancien parking qu’on retrouve les traces d’une mérule au pied d’un escalier d’accès aux zones de soins, au rez-de-chaussée, et plusieurs foyers sont également mis au jour dans les sous-sols du complexe.